TY - BOOK AU - Evan, Michel TI - L’IMPORTANCE DU CHIASME EN TANT QUE GENRE LITTÉRAIRE EXCEPTIONNEL ET DE L’IRONIE DANS L’INTERPRÉTATION DU LIVRE DES JUGES PY - 2019/// CY - Johannesburg, South Africa PB - South African Theological Seminary N2 - Le livre des Juges ne figure pas parmi les livres agréables ou édifiants à lire. Les auteurs profanes qui rédigent les livres de drame ou de mystère, tels P. D. James, Agatha Christie, Patterson, Mankell ou Clancy n’ont rien à envier au livre des Juges en termes d’intrigue, de violence, de haine, de vengeance, de bestialité, de perversions sexuelles, de mégalomanie, de népotisme et j’en passe. Est-ce exagéré de comparer l’enlèvement et le viol de 600 vierges à la fin du livre des Juges aux activités de Boko Haram qui, en 2014, a enlevé 300 jeunes filles d’une école chrétienne au Nigéria ? Devant les horreurs de ce livre, la tendance naturelle serait, soit de le domestiquer par des euphémismes, soit d’apporter une note de censure : « lecture interdite aux moins de 18 ans » ! Ce livre est l’un des plus sanguinaires de la Bible et on est en droit d’être étonné et de se demander pourquoi il s’y trouve ! À quoi sert ce livre dans le canon ? Représente-t-il uniquement une valeur historique ? En dehors de l’échec et de la faillite flagrante d’Israël à obéir aux commandements de l’Éternel pendant toute cette période, existe-t-il d’autres thèmes utiles pour les lecteurs ? Notre postulat est que tout livre du canon, y compris les Juges, est une autorévélation de Dieu. Cependant, il serait difficile de pénétrer dans cette approche du texte par une simple lecture séquentielle du livre comme d’un livre d’histoire. Bien au contraire, il faut éviter de surimposer notre méthodologie du XXI e siècle lors de la lecture et l’appréciation de l’histoire du deuxième millénaire avant Jésus-Christ. Les principes mêmes de l’herméneutique nous avertissent que les historiens de l’époque, tout en étant attachés à la vérité, n’étaient pas aussi préoccupés par la justesse des faits ou les statistiques que nous le sommes aujourd’hui. Alors comment faut-il aborder ce livre ? Une lecture plus attentive du livre laisse apparaître une figure de style particulière, le chiasme, qui se trouve régulièrement dans la littérature biblique et sémitique même s’il ne nous est pas très familier aujourd’hui. Le mot chiasme vient de la lettre grecque « chi » qui correspond à « x ». Le mot grec « khiasmos » veut dire « croisement ». Normalement, le chiasme est une figure de rhétorique ou de structure que nous retrouvons dans tous les genres littéraires de la Bible et qui facilite la compréhension d’un texte, soit par des comparaisons renforcées par des répétitions exactes ou des synonymes, soit par des contrastes renforcés par des antithèses. Autrement dit, un chiasme est une figure de construction qui consiste le plus souvent à présenter un texte de manière croisée ou symétrique suivant la structure A B C / C1 B1 A1 . Cependant, à l’encontre de son utilisation habituelle, le plus souvent ponctuelle dans la Bible, le chiasme dans le livre des Juges contrôle tout le texte et s’apparente à un genre littéraire. C’est Holman (1980) qui argumente de manière convaincante que lorsqu’une figure de style est organique, c’est-à-dire qu’elle représente la structure principale du livre pour déduire le sens du texte, elle est équivalente à un genre littéraire. Le point de départ de cette dissertation sur le livre des Juges est que le genre littéraire et la structure se confondent et par conséquent influent sur l’interprétation du livre. Certes, en termes de genre littéraire ce livre fait partie des livres historiques, mais c’est surtout sa structure chiastique qui dicte le sens du livre ER -